Fiche de lecture : Le français est à nous !

Le français est à nous !

de Maria Candea et Laélia Véron

Un livre sur la linguistique très abordable même pour le néophyte que je suis.

Voici la table des matières pour vous préparer à ce que vous y trouverez :

I : Qu’est-ce que la langue ?

Comment définir la langue ?

  • Une définition théorique (mais très concrète) d’une langue, qu’est-ce qu’un créole, qu’est-ce qu’un dialecte ?
  • Suffit-il de parler la même langue pour se comprendre ?
  • Qui écrit les dictionnaires ?
  • Comment les mots deviennent-ils français ?

Qu’est-ce qu’une faute ?

  • Peut-on remettre en cause les règles grammaticales ? et c’est quoi une grammaire ?
  • Faut-il dire aller au coiffeur ou aller chez le coiffeur ?

Qu’est-ce qu’une langue en danger ? Le français est-il en danger?

II : Au nom de la langue

Cette partie est très sociologique, l’usage de la langue française comme outil de distinction sociale (et oui ça va parler bourdieuseries)

Langue pouvoir et violence, la langue comme arme

Violence symbolique, et construction sociale du sens des mots

Masculinisation et féminisation du français, la langue comme champs de bataille

Les offensives des grammairiens interventionnistes, l’éclipse des autrices, la querelle du neutre et le sexe des mots.
Un passage spécial sur “que penser de l’écriture inclusive”.

Langue française et colonialisme, la langue comme étendard

Mécanismes de la diffusion du français dans les colonies, oui mais quel français ?
Enseignement et luttes de pouvoir

L’OIF, la langue comme prétexte

Comment une organisation internationale de la francophonie n’est qu’un outil de diplomatie. Il était gavé nul ce chapitre.

III : Langues et débats, promenades dans les histoires de la langue

Le génie de la langue française, le française à l’Âge classique

Les autrices discourent longuement sur le mythe du “génie de la langue française”, mais c’est une formule que je ne connaissais pas, donc j’ai pas trouvé ça passionnant. En gros, la construction du français n’est pas objectivement supérieure aux autres langues et dialectes, c’est de l’idéologie.

La politique linguistique de la révolution française

Ce chapitre était passionnant, comment les révolutionnaires ont décidé de lettrer les français, les politiques qu’ils ont mis en place, et leur volonté d’universalisme contre les langues régionales.

Mention spéciale à la liste des mots inventés lors de la révolution française et qui sont encore aujourd’hui utilisés.

Enseignement et scolarisation de masse : aux sources de la grammaire scolaire

Apprendre à écrire à l’école, pas tant une évidence que ça. Les problématiques d’imposer l’orthographe.
Comment passer d’une grammaire générale à une grammaire scolaire ?

On approche de la conclusion, Révolution numérique, défis plus ou moins nouveaux

L’écriture numériques, textos actuels et textos de nos ancêtres, une histoire des révolutions. L’écrit-oral, un pacte ?
L’aube des humanités numériques, ce que l’avenir nous promet.
Des pistes d’améliorations pour le français ?

Mon avis sur le livre

C’est juste super bien. J’ai aimé :

  • le fait de replacer la langue française et la vision que j’en ai dans son contexte historique de création, pourquoi on a une grammaire, pourquoi on a des dictionnaires ? A-t’on un ou des dictionnaires ?
  • la langue dans un enjeu de positionnement social, et la vacuité de la recherche de la règle de grammaire originelle
  • la volonté des autrices de s’émanciper de ses règles lorsqu’elles ne font plus sens.
  • le chapitre écrit entièrement en français “moderne” :)

j’ai moins aimé :

  • le chapitre contre l’OIF, étant un organisme qui ne me concernait pas, j’ai trouvé long la description de ses magouilles politiques
  • comparé au nombre de concepts présentés dans le livre, le glossaire est rempli de mots qu’on ne lit qu’une fois dans le livre (adstrat, etc.)
Written on June 12, 2019

Fiche de lecture Sociologie