Un logiciel qui marche
Parlons un peu d’un des 4 piliers de l’agilité.
Working software over comprehensive documentation
Pour clarifier tout de suite, ce pilier de l’agile ne dit pas qu’il ne faut pas rédiger de documentation. L’objectif de l’agile est de fournir de la meilleure manière possible un logiciel à des utilisateurs, et d’être capable de modifier son process régulièrement. Cet adage vise donc à reconcentrer les efforts des membres de l’équipe autour du produit final, un logiciel qui marche.
Cet article se base sur ma lecture récente de Le but : Un processus
de progrès permanent de Eliyahu Goldratt : Lien amazon.
Je vous le conseille chaudement sa lecture, ne serait-ce que pour prendre du recul sur la mode du lean IT.
La métaphore de l’usine
La production logicielle est en de nombreux points similaire à une production industrielle, où chaque membre de l’équipe et chaque process peut s’apparenter à une machine, à un capteur, le produit final étant bien sûr un logiciel livré à l’utilisateur. Cette métaphore combine deux grands aspects de l’industrie, la production de produits manufacturés et la production par projet.
La genèse
Côté industriel, la commande a pu être passée avant qu’un besoin particulier n’ait été formulé par un client, sur la base de prévisions de ventes. On parle alors de flux poussé. Une fois le produit fabriqué, nul ne dit qu’on trouvera client, et le produit risque d’engendrer des frais de stockage, voire de devenir obsolète ou se détériorer. À l’opposé, le processus de fabrication peut être déclenché lors de la commande. On parle alors de flux tiré. Il est indéniable que ce dernier possède des avantages évidents, et nous nous concentrerons sur ce processus ici.
Côté logiciel, un besoin logiciel est exprimé par une entité. Cette entité peut être un utilisateur du logiciel, un représentant de la maîtrise d’ ouvrage, voire un développeur.
Si personne n’a commandé ce produit, ou s’il a été produit trop lentement, vous risquez de passer à côté du besoin utilisateur, donc de produire un logiciel déjà présent chez la concurrence, ou pire inadapté à son besoin.
La production
Si l’on devait comparer la production de code informatique à une industrie, alors le cahier des charges serait l’ensemble des matériaux de base. Après un certain temps à être produit, il serait poussé ensuite devant un développeur pour qu’il commence à le transformer en un logiciel.
Au sens Lean, ce cahier des charges constitue donc un stock, et donc une perte d’argent.
Dans une gestion de projet traditionnelle, si le produit est à 25% réalisé, il est rarissime qu’un utilisateur ait déjà utilisé le logiciel en cours de développement. Dans un projet agile, 25% des fonctionnalités du scope final sont implémentées et sont utilisables en production, elles constituent les fonctionnalités les plus prioritaires.
Le flux tiré
Il a été très vite théorisé l’intérêt du flux tiré (ou “juste-à-temps”, “just-in-time”, ou “jit”) dans l’industrie automobile des années 50. Cette méthode d’organisation de la production industrielle vise à minimiser les stocks et les en-cours de fabrication entre l’arrivée de la matière première à la livraison des produits finis. Cette méthode s’appelle aussi la méthode des 5 zéros (zéro panne, zéro délai, zéro papier, zéro stock, zéro défaut).
Après un certain temps d’adaptation, les avantages ont été perçus :
- Une organisation adaptée à l’évolution constante des besoins des clients
- Peu ou pas de constitution de stocks, qui on le sait sont couteux en trésorerie et portent le risque de n’être jamais utilisés ou vendus
Il est facile de voir que dans notre industrie informatique, l’implémentation de ces méthodes d’organisation modernes pourrait nous aider à résoudre les problèmes récurrents de temps de livraison, de temps de recette et de qualité logicielle. Si on prêtait plus attention à la livraison d’un logiciel utilisable, ainsi qu’à la mise en place de bonnes pratiques, la livraison zéro-défaut pourrait devenir quotidienne.
Merci Arnaud Bailly pour avoir inspiré la rédaction de cet article
Clean Code Agilité