La domination masculine
Pourquoi le féminisme traite aussi des problèmes des hommes
Ces dernières années, la parole des femmes s’est libérée. Avec le mouvement metoo sont apparus visibles de tous des cas de harcèlement, d’agression et de discrimination par centaine.
Les activistes des droits des hommes (Men’s rights activists, MRAs)
Pendant ce temps on a vu chez les hommes naître un mouvement qui se nomme men’s right. Ce
mouvement est apparu dans les années 1970 en opposition aux mouvements féministes,
mais il n’est devenu visible que tout récemment dans notre pays.
Ce mouvement a la noble vocation de vouloir s’occuper des droits des hommes, car il apparaît
aux yeux de certains que les médias principaux ne parlent que des problèmes des femmes.
Outre le fait d’attirer de nombreux hommes anti-féministes (voire carrément misogynes) et donc
de ne se positionner sur le plan social et politique qu’en réaction au féminisme,
ce mouvement parle de sujets sociaux et moraux importants pour les hommes.
Entre autres :
-
le droit à la garde des enfants en cas de séparation
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la reconnaissance du taux de suicide beaucoup plus élevé chez les hommes que chez les femmes et un accompagnement psychologique facilité
-
la très grande différence de population entre hommes et femmes dans la population de SDF
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la reconnaissance d’une plus grande violence entre hommes
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la circoncision est un acte de mutilation génitale sur un enfant non-consentant
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le droit à la reconnaissance de la violence domestique quand l’homme est la victime
Il me parait évident que ces problèmes sont importants, et que l’on soit homme ou femme ou inter-genre, on ne peut que constater que ce sont effectivement des problèmes de société dont on parle au final assez peu dans les médias traditionnels. Cette absence de visibilité est à la racine de la colère de cette population d’activistes des droits des hommes qui considèrent qu’ils se retrouvent lésés et sont donc maintenant dans une situation certainement moins privilégiée que la population féminine.
Le paradoxe de la doxa - La domination masculine
Le sociologue Pierre Bourdieu introduit le concept de paradoxe de la doxa comme suit :
La doxa est l’ensemble des règles de domination qui régissent la société, avec ses dominants et ses dominés.
Le paradoxe, c’est qu’avec le temps qui passe, les dominants
meurent (de vieillesse, de maladie, etc.) et de nouveaux dominants les remplacent, mais
que la structure et la domination persiste. Autrement dit les temps changent, les populations
se renouvellent mais la société garde des dominants, des dominés,
et ses structures hiérarchiques de domination.
C’est comme ça qu’on redécouvre l’ineptie de la révolution assassine, on peut attaquer la capitale et
liquider le gouvernement et des grands patrons, mais ils auront vite fait de se faire
remplacer par d’autres, et la situation sociale n’aura pas changé.
La force de l’habitus
Comment la société fait-elle pour garder ce système en tout temps ?
Pierre Bourdieu explique que ces structures persistent grâce à l’éducation et la socialisation.
Les dominants ont des écoles et universités qui recréent les mêmes attributs qui les ont formés,
tandis que les dominés sont poussés en dehors du système scolaire.
Ce qui est intéressant, c’est que tout le spectre des individus recrée inconsciemment
le système qui l’oppresse. Ainsi dans le cas de la domination masculine, les hommes évidemment
poussent à perpétuer les systèmes de domination, mais les femmes aussi sont génératrices
de ce système. C’est ce qu’on appelle l’habitus qui perçoit le monde extérieur, l’assimile
et le recrée.
Qu’est-ce que la domination masculine
Ce qu’on appelle la domination masculine (et ce que des activistes des droits des hommes rejettent donc), c’est le système qui régit les structures économiques et sociales qui font des femmes des individus dominés. Ce sont les manifestations directement observables du sexisme et du patriarcat, c’est-à-dire les discriminations et inégalités entre les hommes et les femmes.
Quelques manifestations de ce système sont :
- l’inégalité de la répartition des tâches domestiques
- le jugement de valeur (la force est une propriété des hommes, la faiblesse des femmes)
- la publicité ne montrant que deux femmes : la ménagère ou l’objet sexuel
- le peu de présence dans les postes de direction
- l’acceptation sociale de l’harcèlement sexuel
A ne pas confondre avec le sexisme qui est la justification idéologique de ce système : Les femmes font plus de tâches ménagères car leur cerveau préfère plus le propre que celui des hommes.
Et les problèmes des hommes alors ?
C’est vrai que c’est le but de l’article :).
Quand on dit que la force est un attribut masculin, c’est important de voir comment cette propriété est inculquée très tôt aux garçons grâce à ce qu’on appelle aussi la pression sociale.
Si tu tombes, “ne pleure pas, t’es un bonhomme”.
Si tu ne vas pas bien et que tu le dis on remet en cause ta virilité.
“Ne t’occupe pas de ton physique, c’est un truc de gonzesse.”
Une autre dualité des genres est “Actif / Passif’. Si tu es un homme, tu as le choix et
tu dois décider. Si t’es une femme, tu dois obéir.
Si une fille te plait, “c’est à toi de faire le premier pas”, sinon c’est toi la gonzesse.
Et l’effet de cette pression sociale est très claire, les hommes abusent de violence physique entre eux et plus souvent que contre des femmes. Ce qui explique que la proportions d’attaques physiques que subissent les hommes est plus élevée que celles subies par les femmes.
Ainsi, 17 % des violences subies par les hommes sont des bagarres, contre 7 % de celles subies par les femmes.
voire l’article de l’insee
De la même manière, les hommes auront tendance à ne pas parler de leurs sentiments, de leurs besoins.
Et ce symptôme de la domination masculine est une des causes principales des problèmes des
hommes. En règle général, les hommes n’expriment pas leurs émotions, ne recherchent pas d’aide quand il le faut
et n’avouent pas les problèmes d’instabilité psychologique. Les conséquences sur la population
masculine sont importantes, et comprennent effectivement les taux de suicide et
de burnout beaucoup plus élevés que chez les femmes, ainsi que le la proportion d’homme
dans la population de SDF.
Vous vous en rendez compte, ce sont les problèmes que les MRAs essayent de combattre.
Les deux faces de la même pièce
Le but de cet article n’est pas d’énoncer qu’une population masculine ou féminine serait plus à plaindre que l’autre. L’objectif est bien de montrer que là où les MRAs se positionnent contre les féministes, et où certaines féministes se positionnent contre les MRAs, les problèmes principaux qui touchent ces deux catégories de population ne sont finalement que les deux faces d’une même pièce, la racine de tous ces problèmes : la domination masculine. Et donc qu’un des leviers actionnables pour résoudre les problèmes des hommes serait de travailler conjointement aux féministes à abattre cette patriarchie.
notes et statistiques https://en.wikipedia.org/wiki/Men%27s_rights_movement https://fr.statista.com/statistiques/651074/avis-francais-necessite-feminisme/ https://www.insee.fr/fr/statistiques/1280864
On m’a envoyé le 22/08/2022 (donc trois ans et demi après la publication de ce billet) un email intéressant et anonyme que je remets ici pour compléter un peu cet article :
Bonjour. Tout d’abord, merci pour cet article intéressant. J’aimerais revenir sur un point : “la reconnaissance du taux de suicide beaucoup plus élevé chez les hommes que chez les femmes et un accompagnement psychologique facilité” Cette statistiques est incomplète pour moi, il faut distinguer 2 choses différentes : la tentative de suicide et le suicide réussie. Beaucoup plus de femmes tentent de mettre fin à leur jour, mais beaucoup ne réussissent pas. Ceci est expliqué par le fait que les femmes utilisent des moyens moins expéditif que les hommes comme un surdosage de médicaments. Alors que les hommes ont tendance à utiliser la pendaison ou les armes à feu. Le résultat est le même, mais dans le cas d’un surdosage médicamenteux les probabilités qu’un individu intervienne avant la mort est plus grande.
Finalement, il s’avère que les femmes seraient plus nombreuses à tenter de se suicider.
Je trouve que ce détail est primordial, car le plus important n’est pas d’arriver à se suicider, mais d’en arriver à passer à l’acte.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Diff%C3%A9rences_li%C3%A9es_au_genre_dans_le_suicide#:~:text=L’%C3%A9cart%2C%20aussi%20appel%C3%A9%20%C2%AB,rapport%20valant%201.6%20en%202000.
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/er109.pdf
Sociologie Masculinité Féminisme